Entre 1968 et 1983, il n’était pas rare de croiser Zena Weishoff, alias la « Dame grise », sur le boulevard Saint-Laurent, aux alentours de l’épicerie Warshaw (à quelques pas du cordonnier Weiner, là où Jeunesse au Soleil a débuté en 1954).

En septembre 1983, Weishoff a attiré l’attention des médias après être restée trois semaines devant le porche de l’appartement dont elle a été expulsée de force par son propriétaire. De nombreux Montréalais lui ont offert leur soutien et Jeunesse au Soleil lui a donné de l’argent pour compléter ses prestations d’aide sociale. Elle n’a jamais pu regagner son appartement, mais elle a été emmenée à l’hôpital puis placée dans une résidence. Malheureusement, elle est décédée quelques mois plus tard.

C’est à cette époque que Sid Stevens et Earl De La Perralle, les co-fondateurs de Jeunesse au Soleil, ont ouvert leurs premiers refuges d’urgence pour accueillir les personnes sinistrées et les sans-abri, et qu’ils ont commencé à travailler à faire changer les règles d’expulsion à Montréal. « Essayez de trouver quelqu’un quand vous n’avez pas d’argent, pas d’accès à un compte bancaire un vendredi soir. Quand vos affaires sont sur le trottoir, essayez de trouver une entreprise de camionnage qui les prendra à crédit. De pauvres gens se retrouvaient coincés jusqu’au lundi, certains devaient même dormir dehors. Earl et moi avons donc décidé de mettre un système en place », se souvient Sid.

Ainsi, Jeunesse au Soleil a travaillé avec le ministre provincial de la Justice Herbert Marx, et au milieu des années 80, les autorités instaurèrent une loi interdisant aux propriétaires montréalais d’expulser leurs locataires le vendredi après-midi, les fins de semaine, les nuits et les jours fériés.

(Merci à la page Facebook Montreal Golden Oldies)